Le tantrisme

Bonjour à tous et à toutes, Je me pose cette question depuis quelques jours et l'idée m'est venue de vous la soumettre: Est-il nécessaire d'être amoureux pour pratiquer l'amour tantrique ? Dans ma question, je définirais l'amour tantrique par une fusion charnelle et spirituelle entre deux êtres, sans être une course à l'orgasme, dont le but est le partage et le bonheur de l'instant présent. Alors, évidemment, si le sentiment amoureux s'en mêle, c'est le sommet, mais, à votre avis, hommes et femmes, pensez-vous qu'on puisse jouir du bonheur du tantrisme sans être amoureux de son (sa) partenaire ?

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C'est difficile de répondre à ta question tant le tantrisme est une philosophie différente de nos modes de pensée occidentaux.
Peut-être ne vois-tu dans cette question que la partie du tantrisme concernant la sexualité car c'est vrai que dans cette démarche la manière de s'unir pour l'homme et la femme prend une dimension différente que celle dont on a l'habitude. Chez nous, c'est le principe de la dualité et de l'échange qui dominent , alors que dans le tantrisme, c'est le principe d'unité qui domine, unité qui se reforme quand l'homme et la femme s'unissent (chacun représentant un élément du Tout, un élément créatif et un élément matériel), c'est un principe un peu androgyne.

Dans notre langage commun, on a un peu de ça quand même quand on dit qu'on cherche sa moitié et quand on le dit, c'est qu'on est dans une démarche amoureuse. Ce qui veut bien dire que cette sorte de fusion est recherchée quand on est amoureux. En ce sens-là, il semble que cette pratique tantrique ait plus de chance de marcher quand on est amoureux et qu'on cherche l'union, voire la fusion, et on peut se demander quel est son sens si on n'est pas amoureux!

Il me semble aussi que le New Age ait amené le tantrisme en Occident en mettant plus l'accent sur cette ritualisation de l'acte sexuel alors que dans la pratique originelle et profondément religieuse de l'Inde, il s'agisse plutôt d'une sexualisation du rituel.

Alors, avec des yeux d'Occidentale très éloignée du spirituel hindouiste ou bouddiste, je te dirais que je pense qu'il faut être drôlement amoureuse pour avoir envie de pratiquer ce qu'on appelle tantrisme ici. Ou alors... avoir une grande envie d'instrumentaliser l'autre pour arriver à son "nirvana" ;-)
Je reste farouchement accrochée à ma conception duale, moi et un autre, à "tricoter" notre relation avec ce que chacun-chacune apporte, de manière à "créer" quelque chose.
C'est marrant car cette idée de tricoter ou de tisser quelque chose n'est finalement pas si éloignée de "tantra" qui veut ausi dire métier à tisser, chaîne du tissu, structure.....

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Mona, merci pour votre intervention. En effet, ma définition du tantrisme s'arrêtait à cette "communion" entre deux êtres, une union très particulière, basée finalement essentiellement sur la sensualité, mais à l'extrême. Je ne tenais pas compte de l'aspect religieux ni historique du tantrisme. Papa Songeur, je suis navrée que cela vous évoque des gourous profiteurs, ce n'était pas non plus de ce genre de relation dont je parlais. Je pensais surtout à un homme et une femme, adultes consentants. Peut-être alors faut-il être pétri de sensualité pour avoir de tels désirs, je ne sais pas ... Serait-ce l'expression d'une sensualité débordante, qu'il faut canaliser ?

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Je ne comprends pas tellement ta question. Quand tu parles de sensualité, est-ce que tu l'opposes à sexualité? Est-ce que tu demandes s'il est possible d'avoir un rapport uniquement sensuel avec quelqu'un, sans aller jusqu'au rapport sexuel? Et quand tu parles de débordement, est-ce de l'ordre d'une certaine désihibition? Quand tu parles de cadre, quel genre de cadre?? Je suis un peu perplexe.

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J'ignore un peu ce qu'est la philosophie tantrique, mais je connais celle du christianisme ;-)
Gen 2:24  ... et il ne formeront plus qu'un . Un couple  reflète l'harmonie dans l'unité de sentiments, de pensée et de volonté. Je sais, ce n'est pas ainsi que le couple est vécu de nos jours, et je vois bien que même Mona s'en distancie dans son tricotage relationnel. J'aime bien ce tricotage pourtant, mais sa finalité est autre, c'est celle de l'unité et cela va jusque dans les rapports charnels où la sensualité, la poésie, la musique, la passion, la beauté est de mise. J'en veux pour exemple le livre du Cantique des cantiques :Nous avons "affaire à un amour sensuel et passant continuellement par l'exaltation de la beauté et les relations physiques. Le langage hébraïque du livre fait clairement référence à la sensualité et à une relation d'amour exprimée physiquement, et ce dès ses premières lignes, comme dans le verset 2 du chap. 1^er, « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! Car tes baisers sont meilleurs que le vin » : le terme traduit par « baisers », en hébreu (דּוֹדֶיךָ, dodeikha), signifie amour (entre les sexes) et insinue des actes d'amours (baisers, caresses), si bien qu'associé à une autre terme (et décliné) il désigne le lit conjugal. Wiki et introduction au cantique des cantiques de  Th. Römer, cours de théologie universitaire, année 1997-98
On peut dés lors constater que cet état d'union est recherché et semble très proche du tantrisme.

Barberinette

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Sur le site il y a une bonne description du tantrisme: /N6536/tantrisme.html

Merci Barberino pour ces explications qui me parlent beaucoup.

Juste quelques questions:
Dans le cas du christianisme, cette union se fait certes de belle et profonde manière, sans oublier le plaisir, mais toujours dans le cadre d'une procréation n'est-ce pas? Peut-on envisager une sexualité aboutie, une sensualité amoureuse avec son mari, son conjoint, juste pour le plaisir du corps à corps amoureux avec celui qui partage sa vie? Quid une fois que les enfants sont là? Doit-on prendre le risque d'un autre enfant?
Est-ce la même chose dans la philosophie indienne? Ne serait ce pas ça aussi qui diffère?

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Le Cantique des cantiques parle de chants d'amour et pas de procréation, de plaisir et non de porter du fruit ;-)

Ceci dit ,rien de ce qui est vivant ne l'est que pour sa propre existance et tous, végétaux animaux  et même minéraux pour certains (les pierres donnent du sable, les volcans fécondent la terre, la mer donnent les nuages, etc...)  sont appelés à "porter du fruit", ce qui est en soi un très grand privilège, mais pas forcément dans le cadre de la procréation au sens actuel. Il y a des maternités et des paternités spirituelles, des actions créatrices. Il y a davantage de passages bibliques qui font allusion à l’amour sexuel en tant que moyen de joie et d’union pour le couple qu’en tant que moyen de procréation (comme par exemple ce grand poème d’amour qu’est le Cantique des Cantiques).  Un organe à été créé pour rien que le plaisir : le clitoris. Si le plaisir masculin est indispensable à la procréation pour des raisons évidentes, le plaisir féminin, lui, n’est pas nécessaire dans le cadre de la fécondation (un viol peut engendrer) cet organe du plaisir a été donné  pour le bonheur des partenaires et la stabilité du couple. Mais il doit être cultivé ... ;-) L'Eglise catholique a, pour des raisons politiques et dogmatiques, figé cette conception du plaisir (si possible masculin) uniquement pour la procréation, en dehors c'est péché. Je n'ai jamais adhéré à cette conception des choses ;-)
Dans le livre de la Genèse :« Dieu vit que cela était bon », nous dit le texte, et même « très bon » lorsqu’il s’agit de la création de l’homme et de la femme. Une traduction résume l’émotion de Dieu en ces termes : « C’est vraiment bon ! » l'homme aussi, à son image, a été créé pour avoir du plaisir ;-)

Je trouve toujours amusant de voir que l'on va chercher ailleur ce que nous avons aussi dans notre culture, comme si le "venant d'ailleur" était meilleur. Le plaisir des sens est universel,sa recherche aussi, il aurait été vain que les textes fondateurs n'en parlent pas ! Comme c'est universel, je serait très heureuse que PS nous parle du plaisir dans le Coran ;-)


Barberinette

 

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Quelle ouverture d'esprit, merci ! Je crois que nombreux sont ceux qui ont un peu éloigné les écrits du christianisme, échaudés par les discours moralisateurs et culpabilisants qu'en ont fait leurs représentants, hélas; et hélas encore puisque j'en fais partie, de ceux qui ont boudé ces écrits; vos interventions me donnent l'envie de ressortir ces précieux livres, et de les lire sous un autre jour, merci encore !!!

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Je viens de recevoir un tantra...Merci....Je fais suivre....

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Effectivement ce que tu écris est très beau Barberinette, dommage, vraiment dommage que nos curés et bonnes soeurs ne s'en soient pas inspirés lors de notre jeunesse! Pour nous, les garçons étaient le péché... et bien évidemment ils ne pensent "qu'à ça"! Comment veux-tu ensuite bâtir une relation physique qui se tienne, dans laquelle tu t'épanouies, si tu as sans cesse l'impression de pécher!

Je ne sais pas si c'est ce qui vient d'ailleurs qui est mieux, mais plutôt que l'enseignement chrétien (plus particulièrement catholique), sur nos générations n'a pas été terrible!
Je discute pas mal avec mes neveux et nièces qui ont entre 18 et 25 ans maintenant et je dois bien avouer qu'ils ont une vision de leur église radicalement différente de celle que j'avais à leur âge, et je regrette vraiment de ne pas avoir eu un tel cathéchisme.
Ils vivent leur foi, avec beaucoup d'exigence, mais également de façon très libre.
Pour faire court, maintenant dans les églises ne vont plus que ceux qui croient vraiment (oui oui oui véridique, c'est ce que mon neveu m'a expliqué) et quand tu "rencontres une meuf dans un pélerinage tu sais ce qu'elle a dans les tripes" !!! Et ils adorent ces grand rassemblements de jeunesse chrétienne. Je trouve sympa cette approche si ludique.

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