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Après l'affaire Kadhafi, voici l'affaire Polanski.
On attend la troisième…
indignation à Gstaad
Skieur émérite, Roman Polanski s'est réfugié à Gstaad en 1969, après l'assassinat de sa femme par Charles Manson. Il y séjourne pendant les fêtes avec sa femme, Emmanuelle Seigner, et leurs deux enfants. Depuis plus d'une année, il possède un chalet
Les personnalités de la station, où le cinéaste possède un chalet, sont furieuses. Polanski, habitué des lieux depuis plus de trente ans, a travaillé tout l’été dans son chalet.
Didier Dana - le 28 septembre 2009, 22h48
Gstaad avait un air d’été hier. Vingt degrés et un vent frais pour supporter la morsure du soleil. Mais l’évocation de l’«affaire Polanski» suffisait à déclencher une tempête d’indignations. «C’est un scandale!» tonne Ernst Scherz, ex-patron et doyen du Gstaad Palace, figure historique de ce lieu de villégiature qui a vu défiler les stars du monde entier. «Cela fait bien trente ou quarante ans que Polanski vient chez nous. Il prend un verre dans le lobby. Il skie dans la poudreuse, fait du hors-piste.» Les deux hommes se tutoient, et le cinéaste a longtemps loué un appartement à la comtesse Serra di Cassano, derrière le prestigieux cinq-étoiles.
Depuis plus d’un an, le réalisateur possède son propre chalet, à l’entrée de la station, à côté de celui du politicien italien Gianfranco Fini. Cet été, c’est là qu’il a travaillé pendant deux mois au montage de son prochain film, «The Ghost», avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan et Kim Cattrall. C’est à Gstaad encore, en 1994, qu’il a choisi de présenter en première mondiale «La jeune fille et la mort», huis clos tendu, avec Sigourney Weaver et Ben Kingsley
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«Maintenant, c’est foutu! Selon ses amis, il risque de vendre son chalet et de quitter la station, s’indigne Peter Notz, ingénieur à la retraite. J’ai connu Roman ici, en 1969, lorsqu’il a perdu sa femme, Sharon Tate. J’étais veuf comme lui, cela nous a rapprochés.» Un souvenir que l’auteur évoque dans son autobiographie intitulée «Roman». Le cinéaste avait fui les paparazzi pour venir se réfugier en Suisse et «skier jusqu’à l’épuisement».
«Roman a dîné chez moi il y a un mois. Notre pays l’a piégé et c’est dégueulasse!» s’indigne Peter Notz. Le jeter en prison, c’est lui faire vivre une seconde fois le ghetto. La police suisse n’a rien d’autre à faire?»
La crêpe Polanski en guise d’après-ski
Dans la station, tout le monde loue la gentillesse du réalisateur de «Rosemary’s Baby» et son extrême discrétion, à l’écart des mondanités. «Il a des coiffures invraisemblables. Toujours le cheveu en bataille, il se brosse avec les mains, on a envie de lui offrir un peigne», plaisante Ernst Scherz.
«On le reconnaissait sur les pistes parce qu’il avait la même combinaison de ski depuis trente ans», s’amuse Franz Wehren, ancien patron de l’Hôtel du Golf, qui dirige désormais l’Auberge d’Hermance, à Genève. Roman Polanski lui a offert, en gage d’amitié, une paire de skis en bois du fameux «Bal des vampires».
«Roman ne boit plus une goutte d’alcool depuis des années et se couche tôt. C’est un bon père de famille qui partage son temps entre sa femme, l’actrice Emmanuelle Seigner, et ses deux enfants, Morgane et Elvis.»
L’après-ski, il le passe à l’Apple Pie, un tea-room-crêperie. Là, il déguste sa spécialité: la crêpe Polanski. «Il prend toujours la même chose. Pâte de sarrasin avec compote de pommes. Sur la carte elle est à la farine fleur, mais on fait une exception pour lui», explique Krystle Mata, fille du patron.
A l’Olden, le restaurant chic de la station, il débarque en T-shirt et jean. «On lui sert l’oreille d’éléphant, commente Franco Stella, maître d’hôtel depuis 1974. C’est une côtelette de veau très fine, panée, servie avec de la roquette et des tomates cerises.» Et d’ajouter, parlant de l’arrestation: «Ça m’a dérangé. Il était là cet été, alors pourquoi l’incarcérer maintenant?»
«Scandale politique»
Tout le monde est d’accord là-dessus. Polanski vient dans l’Oberland bernois avec la régularité d’un coucou suisse. «Il nous a aidés lorsque nous avons lancé le festival Cinéma et Musique, avec Julie Andrews et Blake Edwards», insiste Ernst Scherz, du Palace. «Cette affaire est connue de tous. C’était une autre époque, d’autres mœurs, ajoute celui qui a hébergé Liz Taylor, Richard Burton ou Louis Armstrong. J’ai honte pour ersonName w:st="on" ProductID="la Suisse">la SuisseersonName>!» Excellent athlète, le réalisateur a appris à skier en Autriche. «Il avait un vieux professeur qu’il aimait beaucoup. A Gstaad, il aime les pistes de l’Eggli, du Horneggli ou de ersonName w:st="on" ProductID="la Videmanette">la VidemanetteersonName>, et il emmène avec lui ses deux enfants. A 76 ans, il skie très bien», ajoute Franz Wehren, qui a partagé avec lui des heures sur les lattes.
«Ce dossier qui l’amène en prison était pour lui une affaire classée. Il savait qu’il ne devait pas mettre les pieds aux Etats-Unis, mais en Suisse il pensait qu’il ne risquait rien! Il m’a dit qu’il irait à Zurich. Je lui ai parlé il y a deux semaines. Je ne sais pas s’il a son téléphone là où il est détenu, mais je vais lui envoyer un SMS de soutien», assure Wehren, incrédule. Comme d’autres, il ne comprend pas que ersonName w:st="on" ProductID="la Suisse">la SuisseersonName> ne se soit pas entendue avec le gouvernement français. «C’est un scandale politique de plus. Mais quelle image donnons-nous?» article du journal Le Matin
