Silence, on médite...

La pleine conscience s’invite auprès d’écoliers qui échappent un moment à un monde de sollicitations permanentes.

Ici, vous êtes plongé dans l’obscurité, seule la lueur de la lune projetée sur un grand écran éclaire la salle du silence. La musique relaxante vous incite à vous installer sur l’un des tapis et matelas au sol. «La seule obligation est d’éteindre son natel, explique Edmundo Timm, responsable du lieu et également professeur de théâtre. Vous pouvez ne rien faire, dormir ou bien méditer selon votre envie.»

Cette salle aménagée ouverte tous les jours et en accès libre se trouve sur le campus de La Grande Boissière, l’un des trois sites de l’École Internationale de Genève. Ici, la pleine conscience appartient à un programme pédagogique global qui intègre par ailleurs la philosophie, le sport, la robotique ou la pensée critique. Afin d’accompagner leurs élèves, les professeurs ont reçu une formation MBSR* et se transforment ainsi en mentors le temps d’une séance de méditation. «Pour aider l’enfant à trouver le calme et la paix, l’enseignant doit s’engager et commencer par pratiquer pour lui-même, note Françoise Stuckelberger, psychologue clinicienne, formatrice MBSR, à Genève. La pleine conscience n’est pas une suite d’exercices, mais un état d’esprit, une présence à soi-même.» Diffusée dans le primaire et le secondaire, la méditation est une expérience bénéfique qui recentre et mène à la concentration.

Apprendre à se poser

Les mains sur le ventre, les enfants suivent leur respiration. Sur un fond de musique douce, ils laissent aller leur corps et leurs pensées. «Avant de débuter un cours, une séance de méditation de quelques minutes suffit à se refocaliser, assure Alison Piguet, directrice de la section primaire de La Côte International School, à Aubonne. Plus relax, moins agités, les élèves sont de nouveau prêts pour apprendre.» Ils ont entre 5 et 11 ans et malgré leur jeune âge, ils s’y adonnent avec plaisir, apprennent à ralentir, à ne pas se laisser distraire.

Tout comme les adultes, les enfants sont rattrapés dans leur quotidien par un trop-plein d’activités, de technologies, d'écrans qui accaparent leur attention et les épuisent. La méditation est une occasion de souffler et de goûter à l’instant présent. «Dès le plus jeune âge, on peut habituer l’enfant à s’arrêter, à développer ses cinq sens, à découvrir le monde en prenant son temps», estime Mme Stuckelberger. Ressentir, gérer ses émotions sont des notions qu’on retrouve rarement dans les programmes éducatifs qui privilégient le savoir-faire au savoir-être. Les établissements – privés – qui ont initié la pleine conscience dans leurs classes en constatent pourtant clairement les effets. «Dans la cour de récré, mais aussi chez eux, les enfants canalisent davantage leur énergie et réfléchissent avant de réagir, relève Mme Piguet. La méditation est un outil prêt à l’emploi et qui leur servira toute leur vie.»

Sans aucune connotation religieuse, la pleine conscience favorise le bien-être des écoliers – et des enseignants – ce qui se répercute sur les résultats scolaires. Autant que les études scientifiques qui mettent en évidence ses bienfaits, les retours des élèves eux-mêmes en disent long. «Dans la salle du silence, ils me remercient d’arrêter le temps et de pouvoir se poser, commente M.Timm. Les parents sont aussi très satisfaits et se rendent compte que ce n’est pas une perte de temps, mais que l’on gagne en qualité d’apprentissage.» La pleine conscience rend plus attentif, plus créatif, plus autonome l’écolier du 21e siècle. Que du positif qui profite à ses études et à son épanouissement personnel.

François Jeand’Heur

*MBSR : Mindfulness-Based Stress Reduction ou Réduction du stress basée sur la pleine conscience

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