La définition fréquemment utilisée depuis 1974 est celle du Dr Ajuriaguerra, neuropsychiatre : Il s'agit de jeunes qui, « pour des raisons irrationnelles, refusent de se rendre à l'école et résistent avec des réactions d'anxiété très vives ou d'angoisse si on les force à y aller ».
Il ne s'agit pas d'un caprice, les enfants n’ont pas la maitrise d’une situation qui les rend bien malheureux.
En effet, alors qu'ils aiment les études et sont désireux d'apprendre, les enfants ou les adolescents atteints de phobie scolaire ressentent une angoisse massive et incontrôlable face à leur école et à l'environnement scolaire. Cette angoisse les plonge dans l'incapacité de se rendre en cours.
Il en résulte un absentéisme scolaire important, menant bien souvent au décrochage scolaire et dont les conséquences peuvent être graves tant sur le plan scolaire, social que professionnel.
Les manifestations du refus scolaire anxieux peuvent être faciles à décoder : un refus clairement verbalisé, des pleurs, une crise d'angoisse. Cependant elles s’expriment bien souvent de manière somatique rendant le lien entre le mal et ses symptômes moins facile à établir : maux de ventre, nausées, maux de tête, sueurs, sensations de malaise, état déprimé, difficultés à l’endormissement, réveils nocturnes, etc… et peuvent parfois orienter faussement les parents sur la piste d’un état infectieux.
Miraculeusement ces symptômes peuvent disparaitre au bout de quelques heures passées à la maison. Mais ils réapparaissent en force dès le soir venu à l’idée de la nécessité d’un retour en classe. Ce qui peut amener certains parents à en déduire qu’il s’agit d’un caprice de leur enfant et qu’en replaçant le cadre, l’enfant retournera docilement en classe.
D'une manière générale, et quelles que soient les manifestations de ce mal-être, on observe que, sans une prise en charge adéquate, peu à peu, le jeune décroche de sa scolarité.
Bien souvent cette situation est multiparamétrale : si le terme phobie scolaire semble impliquer exclusivement les difficultés en lien avec la prise en charge scolaire, il implique pourtant d'autres éléments de la vie du jeune. Faisons l'inventaire non exhaustif de différents paramètres, sans toutefois essayer de les hiérarchiser :
Le refus scolaire anxieux de chaque jeune est la résultante d’une combinaison particulière de différents paramètres.
Les jeunes qui vivent cette situation ne font en aucun cas du caprice. Aucun argumentaire logique ne viendra à bout de cette problématique qui n’est pas rationnelle.
En effet, les enfants sont tourmentés par leur retrait tant de la vie scolaire et des apprentissages que de la vie sociale. Ils sont conscients du fait qu’ils prennent du retard dans leur cursus scolaire, ce qui rajoute de l'angoisse à celle préexistante.
Parfois, à l’adolescence, le jeune peut sembler indifférent, refuser d'admettre ses difficultés ou tenir les membres de sa famille pour responsables : il s’agit de décoder cette attitude et de voir que l’ado est terrassé par l'inquiétude et qu’il ne parvient pas à demander de l’aide. Il se sent bien souvent coupable de « ne pas y arriver » tout en se sentant rejeté par l’institution scolaire.
C'est sans doute pour cela qu'il refuse d’en parler et l'oublier dans des comportements addictogènes : la surconsommation des « écrans » (dont les jeux vidéo) mais aussi de substances hallucinogènes, par exemple.
Tout en étant très complexe, le rôle des parents est essentiel et les recettes toutes prêtes à l’emploi n'existent pas. Pour intervenir adéquatement, les parents comme les professionnels ont besoin de connaître le subtil mélange des paramètres impliqués dans la situation de l’enfant.
Dans tous les cas, l'essentiel est de garder le contact. Il s'agit de tout faire pour rester en lien et éviter de péjorer encore la situation. De plus, il faut conserver à l’esprit le fait que cette situation ne peut pas se régler d'elle-même. Et si permettre à l'enfant de ne plus se rendre à l'école calme les symptômes, cela ne contribue en aucun cas à soigner la cause.
A l’heure actuelle, la solution préconisée est l’hospitalisation en hôpital de jour.
C’est une solution à laquelle les familles ont de la peine à adhérer car elle leur paraît bien souvent extrême. Elle a cependant l’avantage de permettre à l’enfant de conserver un rythme de vie et d’être entouré par des professionnels : équipe médicale et enseignants spécialisés.
Il existe en Romandie encore trop peu de structures accueillants de manière spécifique ce public. Elles sont habituées à travailler en réseau avec de nombreux professionnels, elles proposent un accueil hebdomadaire, à la journée ou pour quelques heures. Elles prennent soin des blessures de l’élève, elles l’accompagnent et l’aident à surmonter ses blocages afin de lui permettre de se réconcilier avec le plaisir d’apprendre. L'accueil y est chaleureux et sécurisant et favorise la qualité du lien, la confiance et l’estime de soi. Le jeune va apprendre à mieux se connaître, à mieux définir ses besoins en comprenant ses émotions et développer des contacts épanouissants avec ses pairs. C’est un travail essentiel qui va permettre au jeune de révéler ses talents et déployer ses ailes à nouveau…
Depuis août 2020, L’Atelier Ikigaï à Montreux propose un accueil quatre jours par semaine de 9h00 à 15h00, et un programme adapté aux besoins de chaque jeune (effectif de 12 élèves max.).
À l’horaire : Apprentissage de la langue et de la culture japonaises, gestion d’une micro-entreprise, ateliers cuisine, conseils démocratiques d’Atelier, projets personnels, etc...
Son objectif : Mettre en lumière le potentiel de chaque élève.
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