Apprendre autrement est le credo de l’école des savoirs essentiels. Pascale Pocard, ancienne institutrice, conseillère pédagogique à l’inspection académique des Vosges et initiatrice de cette nouvelle démarche pédagogique, explique à La Family quels sont les principes, les outils mis en place pour la réussite et le bien-être de tous les élèves.
La Family. L’école des savoirs essentiels intéresse de nombreux établissements y compris en Suisse…
Pascale Pocard. Elle est expérimentée en France depuis plusieurs années et sa continuité est assurée par la formation des enseignants et par le bouche à oreille.
En quoi votre méthode est différente et innovante?
L’approche est basée sur les dernières avancées scientifiques et pédagogiques. On essaie de répondre à trois questions: comment rendre l’enfant disponible et attentif, comment faire en sorte qu’une séance de travail soit efficace pour l’ensemble de la classe et pas seulement pour deux ou trois. Et enfin, comment consolider ces apprentissages et ne pas les oublier. La société bouge vite et notre méthode s’attache à ce que tout enfant ait les bases essentielles quel que soit son cursus scolaire ou son métier plus tard.
Des principes au terrain, comment cela s’applique-t-il au quotidien?
L’enseignant ritualise l’emploi du temps. Par exemple le français, se retrouve à la même heure tous les jours de la semaine. Qu’il étudie du vocabulaire, de la grammaire, l’élève sait à l’avance qu’il a cette matière. Cela le rassure et le rend plus disponible pour apprendre. L’affichage des leçons à venir sur le tableau est aussi un repère important. L’angoisse, les blocages proviennent souvent quand l’élève ne sait pas ce qui l’attend.
D’autres choses changent dans la façon d’apprendre?
Au lieu d’un cours de cinquante minutes, l’enseignant y va par petites touches et propose deux ou trois séances de vingt minutes dans la même journée ou étalées sur la semaine. Les élèves voient une leçon en plusieurs fois. Ils la découvrent, la mémorisent, ensuite ils sont interrogés à l’oral, écrivent ce qu’ils ont retenu, font un exercice. C’est un processus qui se construit petit à petit.
Le rythme est plus intensif?
C’est plus court et plus intensif, c’est pourquoi les enfants décompressent après à l’atelier du souffle. Durant dix minutes, ils retrouvent une harmonie intérieure en lisant un livre, en faisant de la pâte à modeler ou de la peinture. C’est un moment de tranquillité avant de repartir au travail.
Vous prenez en compte d’autres facteurs?
On réorganise le temps mais aussi l’espace en fonction des actions des élèves. La classe est réaménagée, épurée pour que les enfants circulent plus vite, les cartables sont laissés à l’extérieur. Dans les casiers, les cahiers sont rangés par taille de grandeur, on y retrouve les crayons, les feutres. Et puis il y a l’aspect relationnel.
Les relations sont importantes dans l’école des savoirs essentiels?
En classe, les élèves s’applaudissent, se félicitent mutuellement. Si l’élève a bien écrit ou réussi son exercice, l’enseignant l’encourage, lui montre qu’il est fier de lui, le récompense de ses efforts. L’important n’est pas de faire le programme mais que l’enfant progresse, acquiert des capacités d’analyse plus fines et qu’elles soient solidement ancrées. L’apprentissage doit servir à réfléchir et à comprendre.
La méthode s’adresse aux enfants de quel âge?
Notre pédagogie est dispensée majoritairement à des enfants de 3 à 11 ans en école primaire. Mais les principes sont applicables au-delà. A l’école Chantemerle, différents enseignants du collège et du lycée s’y essaient. Après, chaque professeur est libre d’adopter en partie ou complètement notre démarche, de l’expérimenter selon son rythme et ses besoins au sein de sa classe.
Finalement, votre méthode apporte des outils à l’élève et lui donne le goût d’apprendre…
Tout est lié. Ce qui se produit en classe, c’est une plus grande sérénité où enfants et enseignants se sentent mieux, plus tranquilles. Dans une ambiance à la fois rigoureuse et bienveillante, les élèves acquièrent une méthodologie de travail, un savoir-faire. Ils organisent leurs connaissances et développent leur autonomie. De là, découlent la motivation et l’envie d’apprendre.